Et si tout avait été différent ? L’impact thérapeutique de la réécriture

La dimension thérapeutique de l’écriture n’est plus à prouver. Combien de psychologues ont conseillé à leurs patients de tenir un journal intime, un moyen simple et direct d’extérioriser leurs douleurs, leurs espoirs, leurs envies ? Écrire pour sortir de soi, pour mettre des mots sur ce qui semble indicible à voix haute.

Femme repliée sur elle même

C’est dans cet esprit que s’inscrivent les biographies thérapeutiques. Poser sur le papier les événements qui ont marqué notre existence, les rendre tangibles, les accepter, mais aussi, parfois, leur donner une autre tournure, un autre sens.

Mais comment faire quand la vérité est trop douloureuse, trop brutale à écrire ? Quand les souvenirs pèsent si lourd qu’ils nous écrasent à chaque tentative de narration ?

Il existe une solution surprenante : imaginer une autre réalité.

Et si, au lieu de simplement raconter sa vie telle qu’on l’a vécue, on s’offrait le luxe d’en écrire une version différente ? Pas pour fuir la réalité, ni pour rêver d’un monde utopique où tout est parfait, mais pour se poser une question cruciale : “Et si ça avait été différent ?”

Réécrire l’histoire pour mieux comprendre sa vie

Prenons l’exemple de Franck.
Il ne pourra jamais oublier ce 12 juillet 2016, le jour où sa vie a basculé. Il roulait trop vite, sans doute un peu distrait, et a perdu le contrôle de sa voiture. L’accident a laissé des traces physiques : quelques côtes fêlées, un nez cassé, mais surtout, une colonne vertébrale touchée. Le verdict médical est sans appel, il ne marchera plus jamais.

Le choc est immense. Le genre de nouvelle qui vous fait perdre pied. Mais la société ne lui laisse pas vraiment le choix, il doit se battre. Alors Franck s’accroche, il se plonge dans ses séances de rééducation avec acharnement, il découvre tout ce qu’il y a à savoir sur le monde du handicap, les fauteuils roulants, l’accessibilité. Il apprend, il s’adapte, il souffre. Des années de douleur, de tristesse, et de désillusion se succèdent.

Sa vie d’avant est loin. Trop loin.

C’est alors que, plusieurs années plus tard, il décide d’écrire son histoire. Il contacte une biographe pour qu’elle l’aide à poser sur le papier ce qui l’a détruit : cet accident qui a bouleversé sa vie, cet événement qui a tout changé. Il veut raconter son combat, ses frustrations, cette vie qu’il n’a pas choisie.

Et puis la biographe lui pose une question déroutante :

“Et si, ce 12 juillet, vous n’aviez pas pris la route ?”

La question paraît absurde au début, presque déplacée. Franck répond instinctivement : il aurait continué à courir, joué au foot avec ses enfants, gardé son travail, ses amis, sa routine. Mais au fur et à mesure qu’il s’interroge, la réflexion s’approfondit.

Il commence à se rendre compte qu’en réécrivant sa vie sans l’accident, il efface aussi toutes ces belles choses qui sont nées de cette épreuve.

Ce basket fauteuil qu’il a appris à aimer, ces nouvelles amitiés sincères, ce recentrage sur l’essentiel. Certes, la douleur est là, omniprésente, mais elle l’a forgé, elle a révélé une version de lui-même qu’il n’aurait jamais soupçonnée.

Le pouvoir de la réécriture : transformer la souffrance en résilience

Ce que Franck réalise à travers cette réécriture alternative de sa vie, c’est que toute épreuve, aussi dévastatrice soit-elle, façonne une nouvelle version de nous-mêmes. En imaginant une autre réalité, il ne fuit pas son passé, il le regarde autrement. Il comprend que, sans cet accident, sa vie aurait été plus facile à certains égards, mais qu’il serait passé à côté de moments forts, d’opportunités, de rencontres qui ont redonné du sens à son existence.

L’exercice de la réécriture permet de reprendre le contrôle sur son récit. Plutôt que de subir passivement les événements, on choisit de les analyser, de les revisiter. On comprend que la douleur, aussi insupportable soit-elle, n’a pas effacé toutes les possibilités de bonheur.

C’est le pouvoir de l’écriture thérapeutique : se réapproprier son histoire.

Pourquoi cela fonctionne-t-il ?

L’écriture d’une réalité alternative agit sur plusieurs niveaux :

Changer de perspective : en réécrivant les événements douloureux, on s’autorise à voir les choses sous un autre angle, à imaginer d’autres possibles, et à comprendre que chaque bifurcation de notre vie peut apporter son lot de surprises.

Rendre la souffrance utile : cet exercice aide à donner du sens aux épreuves. On découvre que la souffrance n’est pas vaine, qu’elle peut nous amener à des découvertes, à des rencontres, à une forme de résilience.

Accueillir la complexité de la vie : la réécriture nous rappelle que la vie n’est jamais simple ou linéaire. Même les pires tragédies apportent parfois des éléments positifs, si on prend le temps de les reconnaître.

Alors, plutôt que de fuir le passé ou de le réécrire pour rêver d’une vie parfaite, ce processus invite à s’ancrer dans la réalité, à mieux comprendre ce que l’on a traversé et à découvrir que même dans les pires moments, il existe des raisons d’avancer. Et c’est ainsi que l’écriture, loin d’être un simple exutoire, devient un véritable outil de transformation personnelle.

Parce qu’après tout, réécrire son histoire, c’est aussi réinventer sa manière de vivre avec.

Biographie dans le Vaucluse

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